1 Puissance 7
Cette installation, composée de sept écrans vidéo, illustre le processus de la vision, de l’œil au cerveau. Nous savons que la lumière ne touche pas directement le cerveau – elle est d’abord réfléchie sur les objets qui transforment ses propriétés puis atteint la rétine qui transmet les images au cerveau. L’illusion que la vue se fait directement avec nos yeux et qu’elle se produit de manière instantanée et parfaite est très convaincante. Notre cerveau utilise de nombreux mécanismes d’illusion. C’est en ignorant subrepticement les artifices de notre machine à penser que nous pouvons fonctionner dans notre propre monde. En s’appropriant les mécanismes fondamentaux de l’image filmée, Sandolore Sykes utilise la vidéo pour parler de l’image animée, et par extension, de la vue.

La voiture est une métaphore du spectateur. Le conducteur voit le flux d’images en face de lui. Le pare-brise fait office d’écran, et la route, de film. Le conducteur est l’œil, et la route le monde que l’on voit en dehors de nous-même – ce qui existe au-delà de la membrane qui nous sépare du monde. Un clignement d’œil – le monde disparaît pendant une fraction de seconde – représente les quelques millimètres de pellicule entre chaque image.
 
Nous savons que c’est la persistance rétinienne qui nous permet de percevoir la projection des 24 images par seconde d’un film en une séquence continue et fluide, sans saccade, telle le paysage se déroulant derrière le pare-brise. Mais quand nous sommes absorbés par les images, ce fait n’a plus d’importance.
Dans l’installation, une vidéo tirée d’archives scientifiques décrit le mécanisme de la persistance rétinienne en utilisant une illustration, qui est manipulée dans les propres vidéos de l’artiste.                                                                                                   
Dans ces différentes vidéos, le spectateur est invité à observer avec attention les moments d’interférences. Interférence statique, interférence de réception – le « facteur flou ». Comment l’objet dans sa forme la plus pure (tel qu’il est) est radicalement transformé avant qu’on ne le perçoive. La lumière rebondit, elle est réfractée, parfois floutée, passée à travers un prisme, réfléchie – toujours convertie.  La lumière du soleil percute la lune qui la réfléchie jusqu’à notre œil. Les écrans doubles (certains écrans comprennent deux vidéos côte-à-côte) reflètent la dualité existante entre l'imagerie interne à notre esprit et la réalité du monde. Voir est une production de l’esprit.

Les cinéphiles reconnaitront peut-être parmi les extraits vidéo la fameuse scène dans laquelle un œil est coupé en deux – une métaphore de la perception affranchie des mécanismes de l’œil. Une autre paire de ciseaux célèbres coupe les yeux peints sur un rideau (dans une séquence onirique imaginée par Dali). Avez-vous vu Tyler Durden (un personnage du film Fight Club) s’amuser à insérer des images pornographiques au milieu de films de familles – avez-vous remarqué le phallus dans la scène d’ouverture de Persona ? Il y a quelques autres « perles » dissimulées dans les vidéos exposées, quelques-unes chez Lynch, d’autres chez Lang, ainsi que d’autres images plus subliminales…
Le Dispositif
L’installation consiste en 7 écrans, diffusant chacun une vidéo différente. Une seule bande son accompagne l’ensemble.
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